L'Art est sur l'Image Cinématographique

Un Blog sur l'analyse filmique et la critique


mardi 7 octobre 2014

Analyse et Critique de MOMMY – De l’Amour dans un mot




Avec Mommy, le film de Xavier Dolan est une claque monumentale. Son cinquième film remporte le Prix du Jury lors du Festival de Cannes 2014. Souvent en compétition à « Un Certain Regard », son travail mérite toute notre attention. Phénomène ascensionnel du cinéma québécois, élevé au rang de jeune prodige, Xavier Dolan a réalisé son premier long métrage à l’âge de 20 ans et devient à 25 ans le plus talentueux de sa génération. Il n’est pas complètement inconnu du milieu. Il a joué auparavant dans des courts-métrages, tourné dans des publicités, son père était lui-même comédien chanteur. Bien que bercé par cet univers, il affirme n’avoir été influencé par aucun cinéaste et qu’il connait très peu ses classiques. Son inspiration vient plutôt des musiques de sa jeunesse (Céline Dion). 


La B.O participe avec le cadre et l’image à une orchestration des émotions. Il développe avec justesse les sentiments de ses personnages mais il expérimente à sa façon différents formats possibles. Le cinéma devient pour lui, comme pour Jean-Luc Godard, un laboratoire à exploiter. L’image 1 :1 est alors synonyme d’intimité mais aussi d’emprisonnement. Entre malaise et tendresse, la réception du spectateur est ambigüe. Il s’agit d’un regard « voyeuriste », un regard pour juger, un regard qui nous fait aussi culpabiliser. On va beaucoup plus loin que le film caricatural et « cultissimement » drôle d’Etienne Chatiliez La Vie est un Long Fleuve Tranquille. Le milieu populaire de Diane et Steve, sont parsemés d’habitudes et de défauts qui sont montrés avec humour mais surtout avec amour. Xavier Dolan transmet son amour pour ses personnages/acteurs, pour ses souvenirs, pour sa passion du cinéma. Il donne sa définition du mot espoir en ouvrant son format 1 :1 sur un Wonderwall (Oasis) à nous en donner des ailes. On s’émerveille, puis nous culpabilisons de nouveau quand le format 1 :1 s’impose. 


Le drame n’est pas seulement lié au déficit de Steve, mais surtout au sens du mot communication. Communication qui ne s’exprime pas toujours avec des mots. Un « code crypté » que seuls Diane et Steve peuvent échanger, l’amour d’une mère pour son fils, d’un fils pour sa mère. Le personnage de Kyla est un personnage en mal de communication, expliqué par son bégaiement. Elle va retrouver le goût de la vie en installant progressivement une thérapie d’entraide avec Steve. 


Coloré, rythmé, hyper cadré, Mommy est un oiseau qui veut sortir de sa cage, optimiste dans la conscience d’un monde parfois dur ou injuste. Il crie liberté, comme un marginal, comme un anarchiste et frappe dans le cœur du public. Ce même public des années 60-70 en exalte devant les personnages violents, dans le besoin de secouer le système, de bouger les choses.





Rameau Antoine

jeudi 11 septembre 2014

BOYHOOD - 12 years a boy




Film de 2H46, sorti en 2014 avec  Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Lorelei Linklater… .

Boyhood est un film de Richard Linklater auquel il faut accorder du temps. Le réalisateur a entreprit ce projet sur une durée de douze années pendant lesquelles il a collaboré avec les mêmes acteurs, qu’il voit grandir et mûrir à travers ses protagonistes.  Ce film peut être appelé « expérimental » car les conditions de tournage ont été des plus exceptionnelles et démontrent que la barrière fictionnelle peut avoir une place ambiguë. Jean Rouch, un réalisateur et ethnologue français, s’est fait connaître pour ses nouvelles méthodes cinématographiques notamment la docufiction qui introduisit une part de fiction au sein d’un travail à but anthropologique. Dans le cas de Richard Linklater il s’agirait plutôt du contraire. Il trouve le moyen de donner un frappant réalisme à sa fiction. En suivant l’évolution de l’acteur principal Ellar Coltrane, sa vie privée est remise en question et nous pousse à nous demander ce qui est fictif ou réel. Qui est-il de l’acteur ou du futur jeune photographe ? C’est ce qui donne toute la profondeur au film et accentue la poésie de cette génération regardée à la manière d’un road movie et qui se pose la question : quel rôle doit-on jouer ? Cette interrogation est cruciale pour une œuvre qui mêle acting et vie individuelle. Il n’y a pas de réponse, on filme c’est tout. Le réalisateur aurait pu en filmer d’avantage. L’intérêt était de capter le monde sous l’angle d’un regard et de constater ce qu’a été la jeunesse du garçon. Richard Linklater par le biais de la caméra, se positionne comme un troisième parent aux côtés de la mère jouée par Patricia Arquette tout en gardant sa principale proximité avec Mason (Ellar Coltrane). Nous suivons Mason dans son cocon familial jusqu’au jour où il quitte le nid. Le film s’arrête peu de temps après le départ de Mason pour la fac. La réaction de sa mère est intéressante car cette émotion est probablement partagée avec le réalisateur qui va devoir achever son projet. L’attachement aux acteurs s’est concrétisé. La mère répond : je me suis mariée, j’ai divorcée, j’ai changée de maison, élevée mes enfants, je paye mes factures et tout ça pour ça. Comme un troisième parent, Richard Linklater doit laisser Ellar continuer sa route et doit « couper » le lien qui l’uni à ses personnages. Il ne faut pas oublier que la propre fille de Richard Linklater, Lorelei Linklater joue le rôle de la sœur de Mason, ce qui lie encore plus le réalisateur aux souvenirs qu’il a construits. A la recherche de « comment arrêter le temps » l’entourage de Mason le voit aller vers son indépendance. Le garçon finit sur ces phrases : « c’est le moment qui nous saisit ». Son travail de photographe lui permet de mettre un arrêt sur un moment tandis que le film se déroule de lui-même. Boyhood est un film non seulement à voir, mais à vivre car il est une explosion d’humanité.




Rameau Antoine

lundi 1 septembre 2014

Analyse et Critique - Enemy de Denis Villeneuve (2014)


En réponse à l'analyse de Wolvy 128 sur le blog Cinérama 

http://cinerama7art.com/2014/05/30/enemy-explication-et-decryptage/#comment-9608

 

J’ai interprété la scène du club autrement, ainsi que le titre du film car l’ennemi n’est peut être pas le double mais bien sa femme. Dans le club, on n’arrive pas à se situer entre "accouchement" ou "accouplement", les cris sont particuliers. L’araignée est un symbole de la femme, du piège par la toile, souvent utilisée pour exprimer des peurs et des phobies (Dracula) notamment la venue de l’enfant et la folie. Mais l’araignée "mâle" existe aussi et pour certaines espèces, la femelle mange le mâle après l’accouplement. Le talon qui s’apprête à écraser l’araignée, est le talon d’une femme et pas celui d’un homme qui voudrait se débarrasser de cette créature. Anthony (ou peu importe son nom, je ne pense pas qu’un nom domine l’autre) est clairement en proie et cherche à fuir. L’araignée est apportée sur un plateau, comme s’il s’agissait du repas mais correspond peut être aussi à la tête de saint jean baptiste offert à Salomée figure d’une tentatrice. La femme enceinte est une icône, sa position sur le lit, nue, la montre comme une divinité. La nuit au club a des connotations religieuses. Les hommes sont à la fois les prétendants, les "rois mages", et Anthony a le souci d’être l’élu. Ils attendent la venue de l’enfant comme s’il s’agissait d’un dieu.
Je pense que nous ne sommes pas simplement dans le souci de la "schizophrénie" qui est une question en première ligne, mais dans le souci de l’authenticité. Je me suis même demandé pendant le film s’il ne s’agissait pas des fantasmes sordides de la femme. Peut être qu’elle imagine tout cela même si c’est difficile à concevoir. Elle est dans la crainte de le perdre et chercherait un Adam Bell, présent, capable de remplacer le mauvais Anthony. Anthony meurt aux côtés de Mélanie Laurent, autre sorte de prédatrice. Un plan dans le bus, montre ses chaussures en peau de reptile. Le serpent est le prédateur de l’araignée. On la voit régulièrement remonter la fermeture de sa robe proche d’une seconde peau. D’ailleurs quand Anthony porte son cuir noir, il ressemble métaphoriquement à une araignée. Mélanie Laurent est clairement une rivale, un serpent prêt à dévorer l’araignée. Elle participe peut être au délire de la femme d’Anthony. Elle constate la marque de la bague, comme si l’anneau a été retiré du doigt d’Anthony pour être mis à Adam.
La chambre est véritablement le lieu de la permutation et je crois comprendre que tu es admiratif du travail Lynchien, plus particulièrement Mulholland Drive. Enemy ressemble de près à Mulholland Drive. Une clé mystérieuse qui est la réponse, une boîte bleue (ici la pièce secrète du club), la vie contraire et bouleversée de Naomi Watts. Le film est dit drame psychologique mais aussi fantastique et je pense qu’il ne faut pas écarter la veine fantastique. En tout cas il y a le Adam Bell qui rêve d’être Anthony, bon au lit, mais à côté c’est aussi un perdant, un pauvre figurant de cinéma.
Je te recommande au passage un film d’animation japonais dont le titre est Perfect Blue, qui permet aussi de voir Enemy différemment .
J’ai interprété autrement la cicatrice, peut être une blessure provoquée par l’araignée à la fin du film dans cette ambiguïté de la peur et d’une attaque probable. Il s’agit ensuite d’une marque que la femme enceinte aurait pu laisser à Anthony. Je le trouve étrangement fier lorsqu’il présente sa cicatrice. En tout cas je n’ai pas retenu l’accident de voiture, c’est peut être le cas. Au contact de la clé longtemps restée dans l’enveloppe, Adam voit sa femme sous son vrai jour. En gigantesque araignée. Dans Mulholland Drive l’ouverture de la boîte bleue perturbe le déroulement du film. J’ai aimé ton propos sur la farce qui arrive en second temps. Le problème comme toutes les boucles, rien ne nous garantit qu’il s’agisse de la deuxième répétition. Sa réaction à la fois amusée et effrayée, est un soupir exaspéré qui démontre sa compréhension de la situation.
Selon moi, Adam est autant un danger pour Anthony, qu’Anthony l’est pour Adam. Le titre Enemy est au singulier car c’est sans doute la façon dont il perçoit sa femme, et qu’il n’arrive pas à assumer sa tâche.
Entièrement d’accord sur la structure de film en forme de boucle. On dirait un serpent qui se mord la queue. La femme sur la photo déchirée, personnellement je ne la reconnais pas. On pourrait tout à fait imaginer qu’il y a toujours une femme différente sur l’autre moitié et que la femme enceinte trouve un moyen de s’en débarrasser. Si Mélanie Laurent est un serpent, elle mue, change d’apparence à chaque fois.

J’ai malheureusement développé trop d’hypothèses et de doutes pour cerner le vrai du faux. Je préfère en rester sur ta vision qui est certainement la bonne et celle donnée par les critiques. Peut être que le film manque parfois de clarté. Il faudrait lire le livre. Très photographique, la teinte jaune est souvent prêtée au film fantastique (Nosferatu), au film de conte (les films de jeunet) ou au souvenir (David Fincher, par exemple Millénium). Peut être que la teinte est une façon de regarder à travers la vision d’une araignée. Le film divisera obligatoirement le public en deux. Ceux qui aiment l’ambiguïté et tout simplement parce que le film est très esthétique, fort en symbolisme, puis permet de nous laisser libre interprétation. D’autres seront du parti de dire "ce qui se conçoit bien s’énonce clairement".

Rameau Antoine

mardi 12 août 2014

Adieu Professeur Keating !


L'acteur Américain Robin Williams est décédé le 11 août 2014 à l'âge de 63 ans.
 
Il remporte l'Oscar du Meilleur Second Rôle dans Will Hunting, des Golden Globes pour Good Morning Vietnam, Le Roi Pêcheur, Madame Doubtfire, nominé pour Le Cercle des Poètes Disparus...
 
 



 
 
Filmographie
 
 
 
1980 : Popeye de Robert Altman
1982 : Le Monde selon Garp de George Roy Hill
1983 : The Survivors de Michael Ritchie
1984 : Moscou à New York de Paul Mazursky
1986 : La Dernière Passe de Roger Spottiswoode
1986 : Club Paradis de Harold Ramis
1986 : Seize the Day de Fielder Cook
1987 : Good Morning, Vietnam de Barry Levinson
1988 : Portrait of a White Marriage de Harry Shearer
1988 : Les Aventures du baron de Münchhausen de Terry Gilliam
1989 : Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir
1990 : Cadillac Man de Roger Donaldson
1990 : L'Éveil de Penny Marshall
1991 : Dead Again de Kenneth Branagh
1991 : Le Roi Pêcheur de Terry Gilliam
1991 : Hook ou la Revanche du capitaine Crochet de Steven Spielberg
1992 : Shakes the Clown de Bob Goldthwait
1992 : Toys de Barry Levinson
1992 : Les Aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de FernGully de Bill Kroyer
1992 : Visionarium de Jeff Blyth
1992 : Aladdin de Ron Clements et John Musker
1993 : Les Mille et une vies d'Hector de Bill Forsyth
1993 : Madame Doubtfire de Chris Columbus
1995 : Jumanji, de Joe Johnston
1995 : Neuf mois aussi de Chris Columbus
1996 : Birdcage de Mike Nichols
1996 : Jack de Francis Ford Coppola
1996 : L'Agent secret de Christopher Hampton
1996 : Hamlet de Kenneth Branagh
1996 : Aladdin et le Roi des voleurs de Tad Stones
1997 : La Fête des pères de Ivan Reitman
1997 : Harry dans tous ses états de Woody Allen
1997 : Will Hunting de Gus Van Sant
1998 : Flubber de Les Mayfield
1998 : Au-delà de nos rêves de Vincent Ward
1998 : Docteur Patch de Tom Shadyac
1999 : Jakob le menteur de Peter Kassovitz
1999 : L'Homme bicentenaire de Chris Columbus
2001 : A.I. Intelligence artificielle de Steven Spielberg
2002 : Photo Obsession de Mark Romanek
2002 : Crève, Smoochy, crève ! de Danny DeVito
2002 : Insomnia, de Christopher Nolan
2004 : Final Cut de Omar Naim
2004 : Le Prince de Greenwich Village de David Duchovny
2004 : Noël de Chazz Palminteri
2005 : The Big White de Mark Mylod
2005 : Robots, de Chris Wedge et Carlos Saldanha
2006 : Happy Feet de George Miller
2006 : Camping-car de Barry Sonnenfeld
2006 : The Night Listener de Patrick Stettner
2006 : La Nuit au musée de Shawn Levy
2006 : Man of the year de Barry Levinson
2007 : Permis de mariage de Ken Kwapis
2008 : August Rush de Kristen Sheridan
2008 : Le Psy d'Hollywood de Jonas Pate
2009 : La Nuit au musée 2 de Shawn Levy
2009 : Les deux font la père de Walt Becker
2009 : World's Greatest Dad de Bob Goldthwait
2011 : Happy Feet 2 de George Miller
2013 : Un grand mariage de Justin Zackham
2013 : Le Majordome de Lee Daniels
2014 : The Face of Love de Arie Posin
2014 : The Angriest Man In Brooklyn de Phil Alden Robinson
2014 : La Nuit au musée : Le Secret des Pharaons de Shawn Levy
2014 : Merry Friggin' Christmas de Tristram Shapeero
 
 

vendredi 8 août 2014

Critique et Analyse de Mister Babadook de Jennifer Kent – Presque une anagramme ?

 

Mister Babadook (-12 ans) : 1h32, film d’horreur australien réalisé par Jennifer Kent, sorti le 30 juillet en salles.

Casting : Essie Davis (Amélia), Noah Wiseman (Samuel), Daniel Henshall (Robbie), Hayley McElhinney (Claire)

Le film remporte le prix du jury, le prix du jury jeune, le prix du public et le prix de la critique lors du Festival International du film fantastique de Gérardmer 2014. Il appartient à la sélection « New Frontier »  lors du Festival du film de Sundance 2014. Mister Babadook reçoit de nombreuses critiques positives. Il s’agirait du premier film de Jennifer Kent, tourné avec peu de moyens.

Résumé : Amélia veuve depuis 7 ans, élève seule son fils Samuel qui semble présenter des troubles du comportement. Ancienne écrivain de contes pour enfants, elle découvre un soir pour la première fois, un livre intitulé Mister Babadook. Des évènements obscurs se produisent après la lecture de l’histoire. Comment ce livre est arrivé là ? Pourquoi le Mister Babadook fait son apparition ?



Avis : Mister Babadook est comparé à de récents films comme Insidious ou The Conjuring de James Wan et d’anciens comme Rosemary’s Baby de Roman Polansky. Ces œuvres réinventent à leur manière le style de « la maison du diable » ou les personnages sont prisonniers des fantômes, des sorcelleries et diverses possessions. La maison entièrement coupable des tourments qu’elle fait subir aux personnages est animée par une âme défunte et tourmentée. La plupart du temps, parents et enfants sont confrontés ensemble à survivre aux pressions et aux sévices qui conduisent le spectateur vers la révélation d’un secret ou d’un souvenir enfoui. L’enfant se retrouve souvent au cœur du problème, incarnant l’innocence et renvoyant même au mensonge de ses propres parents. Mister Babadook triomphe car il exploite intelligemment tous les codes de son genre.


Ceux qui l’ont vu : Dans le film nous apprenons qu’Amélia a perdu son mari dans un accident de voiture, le soir où elle allait accoucher de Samuel. On apprend aussi qu’elle écrivait des contes pour enfant. Un beau jour sans raison, ils découvrent le livre de Mister Babadook. On se rend compte que tous les incidents sont plus ou moins liés au père. Le Babadook se sert de lui pour attirer Amélia dans son piège. On peut supposer que le Babadook n’est autre que l’âme maléfique du père. Babadook serait presque une anagramme (en changeant la place des lettres nous obtenons un autre mot ou un autre nom) pour dire Dadabook ou bien Daddybook (le livre de papa). Le livre est probablement une œuvre post-mortem écrit par Amélia afin de faire le deuil de son mari. Elle l’aurait oubliée par la suite. Construit comme un Requiem, Amélia et Samuel prononcent les mots « Ba ba-ba dook dook DOOK » sorte d’incantation. Le monstre est repoussé jusque dans la cave ou gisent un peu partout les souvenirs appartenant au père. Un manteau, des gants et un chapeau, font écho au costume du Babadook.

Si on devait aller plus loin (ce qui risquerait d’être tordu) cette expérience vécue par les deux personnages ressemble au rite du « complexe œdipien » avec le meurtre symbolique du père que doit encore effectuer Samuel.





Rameau Antoine


mardi 1 juillet 2014

NYMPH( )MANIAC – La Provocation à un maître : Lars Von Trier

 

Sorti en salles le 1er Janvier 2014 et réalisé par Lars Von Trier (-16 ans)

Filmographie : Element of Crime (1984), Epidemic (1987), Europa (1991), Breaking The Waves (1996), Idioterne (1998), Dancer in The Dark (2000), Dogville (2003), Five Obstructions (2003), Manderlay (2005), Le Direktor (2006), Erik Nietzsche mes années de jeunesse (2007), Chacun son Cinéma (2007), Antichrist (2009), Melancholia (2011), Nymphomaniac (2013)

Casting : Stellan Skarsgard, Shia Labeouf, Charlotte Gainsbourg, Jamie Bell, Willem Dafoe, Connie Nielsen, Christian Slater, Stacy Martin, Uma Thurman, Hugo Speer, Jens Albinus, Nicolas Bro, Mia Goth, Sophie Kennedy Clark, Udo Kier, Jean-Marc Barr, Shanti Roney, Jesper Christensen.

Œuvre en deux volumes. Initialement le long métrage représentait 5h30 mais le producteur a fait le choix de retirer un total de 1h30. Par la suite cela a donné 2 films. De nombreuses scènes ont été censurées mais le film reste explicite. Suite à une ordonnance en référé du tribunal administratif de Paris, Nymphomaniac a été interdit au moins de 16 ans au lieu de 12 ans.


Joe (Charlotte Gainsbourg) est recueillie par Seligman (Stellan S.) qui la retrouve blessée au beau milieu de la rue. Les deux personnages se retrouvent chez lui, en tête à tête, et passent toute la nuit à discuter de la nymphomanie de Joe. Elle raconte son vécu sous forme de chapitres. Ils débattent et se redécouvrent eux-mêmes.

Quel est ce film que le réalisateur danois le plus controversé nous balance à la figure ? Le blasphème lui sied parfaitement sans qu’on lui en tienne rigueur. Il nous manipule sans efforts à l’aide de ses nombreuses théories scientifiques et « masturbe » les esprits de sa culture. Un type capable de sortir la pire monstruosité et nous faire acquiescer comme des moutons. Il nous invite au voyeurisme en nous proposant des scènes salaces aux tendances pornographiques.

Comme un Pasolini qui crache au visage d’une société hypocrite en lui livrant Salo et les 120 jours de Sodome.  Fascinant, intéressant, subversif, sans scrupules, Lars Von Trier est un provocateur dans l’âme. Son cinéma mérite notre attention car il est de qualité. Malgré ses pertinents choix artistiques, Lars n’est pas là pour se faire des amis : ça passe ou ça casse.

Nymphomaniac est croustillant d’anecdotes violentes et sexuelles. Pour le réalisateur, Joe n’est qu’un prétexte pour dénoncer la perversité de la société. Traitée comme une dangereuse déviante, Joe déshabille le loup déguisé en agneau, elle réveille les vraies natures et révèle la part sombre qui sommeille en chacun.  Malade et incontrôlable, elle ne peut être perçue comme l’incarnation du mal. Son entourage la maintien dans ce cercle vicieux et lui rejette la faute, incapable d’assumer ses actions.

Nymphomaniac est un film qui force la curiosité et brillant. Autant vous prévenir que ce n’est pas un conte pour les enfants. Le film doit être vu, rien que pour sa « cultissime » séquence avec Uma Thruman. Mettant en question nos responsabilités et notre vigilance, Lars Von Trier tourne une scène faisant écho à l’introduction d’Antichrist. Vous serez constamment ébahis, le derrière scotché à votre chaise. Cette œuvre est la boîte de chocolats (Forrest Gump) : vous ne savez jamais sur quoi vous allez tomber !




Rameau Antoine


jeudi 26 juin 2014

Analyse et Critique - A Touch of Sin de Zhang-Ke Jia


 
Film chinois sorti en salles le 11 décembre 2013 et réalisé par Zhang-ke Jia

Filmographie : Xiao Wu, artisan pickpocket (1997), Platform (2000), Plaisirs Inconnus (2002), The World (2004), Dong (2006), Still Life (2006), Useless (2007), 24 City (2008), I Wish I Knew (2010), A Touch of Sin (2013)

Casting : Jiang Wu, Vivien Li, Luo Lanshan, Wang Baoqiang, Zhang Jia-yi, Zhao Tao.

Nomination : Le film remporte le Prix du Scénario lors du Festival de Cannes de 2013.



A Touch of Sin traduit par « Un soupçon de pêché » se réfère au film A Touch of Zen de King Hu réalisé en 1971. Le film déroule quatre histoires avec quatre personnages diamétralement opposés. Le premier est un ouvrier, le second vit dans les taudis, la troisième travaille dans un salon de massage et le dernier est un jeune en recherche perpétuel d’emploi. Le film s’inspirerait d’évènements réels et se passe dans une Chine assez récente. Le réalisateur créé un univers qui tourne autour du « wuxia » (héros-guerrier ou chevalier martial ou chevalier errant) figure décrite dès le 2e siècle av J-C.

On peut penser que ce film traite du « hors-la-loi », ressemblant en quelque sorte au « western » chinois. Les protagonistes sont chacun en proie à un monde violent, ils sont vagabonds, en quête d’une justice qu’ils appliquent eux-mêmes, par contrainte ou par choix. En déroute, ils semblent sans attaches et errants comme l’indique le terme wuxia. Ils sont à l’image d’un système déjà rude. Si l’on prend en considération les quatre personnages dans l’ensemble du film, il serait sans doute plus exact de les appeler « marginaux » (ou déviants de leur société).

On  s’attend à un quelconque lien entre eux car ils viennent à se croiser deux ou trois fois notamment lors du générique. L’absence de lien entre les personnages nous force à interpréter ces « croisements » différemment. Le film serait construit comme une « course de relais » et ils se transmettent leur violence de façon symbolique : comme si le pêché était transmis du bout du doigt. Ils deviennent chacun leur tour, des chevaliers errants, caractérisés par des attitudes ou des comportements. Il y a peu (voire pas) de musique. Par moment les « héros » ne parlent pas, sont muets. Ils sont dans la continuité du mouvement, sur la fuite, l’égarement. À leur façon ils avancent dans la narration : l’un en tuant ses patrons les uns après les autres, l’autre en étant de passage chez sa famille avant de devoir fuir, l’une après avoir tuée deux hommes et le dernier à la recherche d’un endroit où se sentir à sa place. A Touch of Sin dépeint d’une certaine manière la mentalité et l’atmosphère qui règne en Chine au sein de sa population.

Les personnages encaissent, puis viennent à exploser ne trouvant plus de solution à leur situation. Les quatre protagonistes portent un regard soucieux sur la collectivité et cherchent leur insertion en société. Confrontés à l’échec, ils basculent malgré eux vers le résultat inverse et nous renvoient au sentiment de solitude général.

Zhang-Ke Jia travaille la violence avec intelligence, qui est à la fois un aspect de leur culture et devient une forme d’inquiétude artistique.


L’info en plus : Le réalisateur Nicolas Winding Refn dans son œuvre Only God Forgives, construit le personnage de Julien de la même façon que le wuxia. Dans un monde d’errance, de justice, de silence et de violence.





Rameau Antoine



jeudi 19 juin 2014

No Pain No Gain de Michael Bay (2013)


 
Adaptation à l’écran des trois criminels les plus impensables d’Amérique

 

Michael Bay accro au pur concentré Américain, ne s’est pas fait prier pour réaliser cette histoire tellement improbable et pourtant vraie. Aucune fantaisie de la part des scénaristes, tout était bon à prendre.

Filmographie: Bad Boys (1995), Rock (1996), Armageddon (1998), Pearl Harbor (2001), Bad Boys 2 (2003), The Island (2005), Transformers (2007), Transformers 2 (2009), Transformers 3 (2011), No Pain No Gain (2013), Transformers : l’âge d’extinction (2014), prochainement : Ghost Recon (2014)

 

Il s’appelait Lugo Daniel, un bodybuilder, et il voulait vivre son « rêve américain ». C’est en 1994 à Miami, avec l’aide de ses acolytes (bodybuilder) Jorge Delgado et Noel Doorbal, qu’il décide de kidnapper le businessman argentin Marc Schiller, afin de s’emparer de sa fortune. Ils reportent à plusieurs reprises l’enlèvement avant de trouver la meilleure opportunité. Après le vol de ses biens, ils auraient maintes fois tentés de le tuer sans y parvenir, le laissant dans un sale état. Marc Schiller reconnaît rapidement l’un d’entre eux, suite à l’une de leur discussion. Malgré les nombreuses indiscrétions de Jorge Delgado, ils utilisent à nouveau leur plan en visant Frank Griga un producteur de porno. Le corps brûlé de ce dernier et de sa femme Krisztina Furton sont identifiés grâce au numéro de série des implants mammaires qu’elle portait. Les trois ravisseurs avaient l’intention de les découper à l’aide d’une tronçonneuse. Mais n’arrivant pas à l’allumer, ils ont échangés l’objet en magasin contre une hache. C’est ensuite qu’ils ont brûlés les corps dans un tonneau. Lugo est arrêté aux Bahamas en mai 1995. Il est condamné à mort avec Noel Doorbal après 15 ans de prison. Quant à Jorge Delgado il est libéré au bout de 7 ans au lieu de 15.

No Pain No Gain est complètement décalé, au point de devoir certifier une nouvelle fois dans le film qu’il s’agit d’une histoire vraie. Bien évidemment, certains détails sont rajoutés ou adaptés essentiellement pour la fiction. Marc Schiller, la victime, n’a pas apprécié le ton humoristique employé par le réalisateur alors qu’il a vécu l’enfer. Pourtant il n’y a pas d’autre mot que « stupidité » pour décrire cette affaire. Il écrit le livre Pain and Gain – The Untold Story afin d’éclairer certains points. Il passera un an en prison pour fraude.

L’idée de Lugo lui est venue assez simplement : « j’étais fort, je voulais être comme Tony Montana (Scarface) ». Le personnage avait beau être charismatique, il a fini comme une passoire au fond de sa piscine. Prêt à payer ce prix pour le « rêve américain » ?

 

 

Rameau Antoine
 

lundi 9 juin 2014

Batman Returns de Tim Burton (1992)


Deuxième article sur Le Chevalier Noir rédigé par Teddy Slamani, Bat-Fan et surtout connaisseur de l'univers DC Comics.




Histoire: Tucker et Esther Cobblepot, un couple aristocratique vivant à Gotham City, abandonnent leur enfant Oswald Cobblepot en le balançant dans les égouts par ce qu’ils éprouvent en voyant son physique difforme. 33 ans plus tard, Oswald Cobblepot élevé depuis par des pingouins, fomente une attaque à Gotham lors d’une représentation publique de Max Schrek (un industriel Millionnaire) visant à le kidnapper. Le Pingouin décide de se servir du pouvoir politique de Max Schreck pour refaire surface et s’imposer auprès des citoyens de Gotham. Pour ce faire le Pingouin décide de le faire chanter en le menaçant de dévoiler ses activités criminelles si ce dernier refuse de l’aider.

Le Pingouin élabore un plan visant à faire son entrée au sein de Gotham en tant que héros. Il fait kidnapper le fils du maire pour ensuite le délivrer. De son côté, Bruce Wayne/Batman émet des doutes quant à la sincérité du geste de Cobblepot. Il décide donc d’enquêter sur son passé et établit un lien avec le Gang du Cirque du Triangle Rouge (celui-ci ayant récemment été lié à la disparition d’enfants).

En parallèle, Selina Kyle, secrétaire de Max Schreck, découvre des documents compromettants sur les affaires de Schrek. Ces documents concernent une centrale qui rejette des déchets toxiques. Max Schreck prend Selina en flagrant délit et la défenestre. Laissée pour morte, Selina Kyle survit réanimée par des chats. De cette renaissance naîtra Catwoman, cambrioleuse vêtue d’un costume de chatte noire avec pour principal objectif : se venger de son patron.

Pendant ce temps, Max Shreck cherche à remplacer le maire actuel par le Pingouin, lui permettant d’accroître son pouvoir sur la ville et par la même occasion de concrétiser son projet de centrale électrique. Bruce et Selina se rencontrent et entament une relation amoureuse sans connaître la double identité de l’autre, créant ainsi une situation conflictuelle puisque Catwoman et le Pingouin s’allient pour se débarrasser de Batman en le discréditant et le faisant passer pour ce dont il s’est toujours juré de combattre : un criminel.



Suite au succès du premier opus, on peut parler de phénomène de société. Le Batman de Burton relança l’engouement auprès du personnage, ce qui sera alors appelé la Bat-mania. Rappelons que le film rapporta un peu plus de 400 millions de dollars pour un budget de 35 millions de dollars. Les Studios Warner décidèrent donc de produire un deuxième film, avec encore une fois Tim Burton aux commandes. Il n’était, dans un premier temps, pas d’accord pour réaliser la suite de Batman. D’autant plus que les Studios désiraient inclure Robin (le sidekick de Batman) et ce depuis le premier film alors que Burton a toujours été réticent à l’idée d’inclure ce personnage. Robin sera introduit par la suite dans les adaptations cinématographiques de Batman «dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom» réalisé par Joel Schumacher.

Tim Burton décida entre temps de se consacrer à la réalisation d’un projet beaucoup plus personnel, Edward aux mains d’argent, qui sortira en 1990. La Warner relança le réalisateur en lui proposant cette fois une totale liberté artistique. Burton figure même parmi les producteurs du film. Traumatisé par le tournage du premier opus, il se pencha sur ce projet avec une certaine prudence. Il réalisa ce qui devint l’un de ses films les plus personnels et à mon humble avis l’un de ses meilleurs.

Du côté du casting, on retrouve bien évidemment les mêmes acteurs pour leurs rôles respectifs lors du premier film. Dans les nouveaux nous avons, Michelle Pfeiffer dans le rôle de Selina Kyle/Catwoman, Danny DeVito dans celui du Pingouin/Oswald Cobblepot et Christopher Walken en Max Schrek.


Gotham City

Graphiquement le film est toujours dans la même lignée que le premier opus. Gotham City a entièrement été conçu en Studio avec une touche à la fois plus raffinée et gargantuesque. Dans le premier Batman, Gotham paraissait grisâtre voire rouillée. Ici le film se déroule en hiver, en pleine période de Noël. La ville y est enneigée, une imagerie récurrente chez Burton, qui n’est pas sans rappeler son précédent long métrage, Edwards aux mains d’argent. La ville apparait comme étant littéralement nettoyée des crimes dont elle fut gangrenée. En réalité, la neige apparait comme un voile visant à cacher les maux dont Gotham est affublée. Un élément produit un fort contraste avec la neige qui couvre la ville : le film se situe uniquement de nuit, même quand certaines scènes sont censées se dérouler en plein après-midi. Le premier film s’amusait à brouiller les pistes concernant l’époque de l’histoire. Ici, c’est le temps qui est encore plus encré dans l’univers. Les choix du film brouillent les pistes en nous plongeant dans une réalité aux antipodes de la nôtre.


Catwoman

 
Au début du film, Selina Kyle est représentée comme une secrétaire assez maladroite, qui a du mal à s’exprimer et à exister auprès des autres. Avant sa transformation, elle n’apparaît qu’en arrière-plan et appartient au décor. Une fois ressuscitée, un changement va s’opérer dans sa personnalité. Elle va totalement s’émanciper d’une société ou règne les hommes sous sa forme la plus féminine. Telle une force brute de la nature et indomptable. Elle va se créer un personnage masqué, une nouvelle peau à travers Catwoman, un masque qui ne lui permettra pas de se cacher mais plutôt de laisser ressortir sa vraie nature. Son costume noir, luisant, très sexuel, aux coutures découpant son corps, rappelle à la fois des monstres tels que la créature de Frankenstein, mais aussi l’état d’esprit du personnage. Les coutures représentent à la fois le chaos qui règne dans la tête de Selina Kyle mais aussi les cicatrices causées par les hommes dont elle essaiera de se venger (notamment son patron Max Shreck). Michelle Pfeiffer incarne une Catwoman absolument parfaite, au regard très félin, à l’allure et à la façon de se mouvoir très sensuelle. Notons aussi une alchimie et un jeu de regard assez intense lorsque Bruce Wayne/Batman et Selina Kyle/Catwoman apparaissent ensemble.


Le Pingouin

Oswald Cobblepot alias le Pingouin, représente le monstre que Burton adule, un être abandonné par ses parents, vivant dans les égouts, en marge de la société, élevé par des pingouins, rejeté à cause de son physique et perçu comme n’étant qu’une bête de foire. Celui-ci le dit d’ailleurs dans le film « c’est humain hélas, que de rejeter ce qui est autre ». Il va alors chercher à se faire accepter auprès des citoyens de Gotham à l’aide de Max Schreck. Ce dernier va se servir de lui pour mener une campagne et prouver qu’Oswald Cobblepot « l’homme » est quelqu’un de bien. Pour ce faire, Oswald va alors maquiller ses véritables intentions, ne pouvant se plier aux conventions de la société. Il laissera réapparaître sa nature profonde, sa part d’animalité, d’homme «pingouin», dont la mort rendra son existence d’autant plus pathétique. Sous le costume du Pingouin se cache un Danny DeVito méconnaissable qui incarne le personnage avec beaucoup de sens.


Max Shreck
 
 
Le véritable méchant si l’on regarde sous un autre angle n’est autre que Max Shreck. Il apparait comme étant le plus humain mais s’avère être au fond le véritable monstre. Contrairement au Pingouin, il est accepté au sein de la société, il a l’air sympathique et présente « bien » afin de s’attirer le soutien du peuple. En réalité il s’agit d’un homme d’affaire véreux, sans scrupule, un assassin ne reculant devant rien et n’hésitant pas à corrompre et manipuler son entourage à des fins personnelles. Il se construit une  façade. Toutefois, il n’est pas complètement dénué d’humanité puisqu’il n’hésitera pas à se sacrifier à la place de son fils. On peut noter, que le personnage qu’incarne Christopher Walken est une autre référence à l’Expressionnisme Allemand. Son personnage s’appelle Max Shreck comme l’acteur Allemand Max Schreck qui a joué en 1921 dans Nosferatu.

[Rameau Antoine : Christopher Walken (Max Shreck) ressemble de près à l’acteur Rudolf Klein-Rogge de Metropolis dans lequel il donne vie à Maria l’androïde. Michelle Pfeiffer (Catwoman), par la découpe de son costume est, à la manière de Tim Burton, la création de Max Shreck.]


Batman

 
Et Batman au milieu de tout ça ? Il a toujours l’aura d’un fantôme qui surveille sa ville, tel une bête défendant son territoire. Il est placé sur un même pied d’égalité avec ses ennemis. Cependant il se retrouve vite dépassé par les événements. Dans un monde qu’il ne comprend plus où chacun avance à visage masqué laissant paraître sa vraie nature. Ou au contraire avance à visage découvert cachant leur nature profonde. Il tente de nouer une relation amoureuse avec Selina Kyle, ce qui s’avère impossible à cause de la rivalité qui les anime via leur double identité.



 
Danny Elfman

 
Compositeur attitré de Tim Burton, qui a œuvré dans tous ses films (à l’exception d’Ed Wood et Sweeney Todd), Danny Elfman vient ici parachever les compositions du premier Batman. Il compose un véritable opéra. Les thèmes y sont mémorables pour chacun des protagonistes. Ainsi le thème de Batman y est transcendé grâce à l’utilisation omniprésente de chœurs rappelant Edward aux mains d’argent. Le Pingouin profite d’un thème à l’atmosphère funèbre et pour Catwoman, personnage sinueux et torturé, des musiques portées par une émotion incroyable.





Ainsi vous l’aurez compris, la dualité est l’un des thèmes qui inonde le film. En effet Batman Returns met en exergue la dualité des Hommes à travers l’animalité de chacun. Représentés respectivement par une chauve-souris, un chat et un pingouin. Où chaque personnage cherche à exorciser ses névroses, s’émanciper ou tirer profit de la faiblesse des autres. Plus personne ne sait où il en est quant à sa place dans la société. Le film démontre à travers tous ses personnages qu’il est loin d’être « manichéen » et fait preuve d’une certaine profondeur dans son traitement. Tout n’est pas, soit noir soit blanc, tout y est nuancé. Il y a encore énormément de choses à dire sur ce film tant les thématiques abordées y sont riches en symbolisme. Tim Burton développe en ce sens l’une des œuvres les plus pessimistes, riches et profondes sur le Chevalier Noir. La nature humaine qui hisse le film parmi les meilleures adaptations de Batman, de Super héros est en fait tout simplement l’un de ses plus grands films.



Teddy Slamani


vendredi 30 mai 2014

American Horror Story Coven vs The Lords of Salem


AMERICAN HORROR STORY – L’évènement de Ryan Murphy et Brad Falchuk

« Est-ce que American Horror Story Coven Saison 3 sera à la hauteur des deux premières ? Les Sorcières de Salem en désenchantent certains ».
 

C’est en octobre prochain que sortira le coffret DVD de la troisième saison. Diffusée pour la première fois en 2011 avec AHS (American Horror Story) Murder House puis en 2012 avec AHS Asylum, les créateurs de Nip/Tuk ont réunis 5,5 millions de téléspectateurs américains avec le pilote du troisième volet.

Le public se sent moins conquit par la dernière saison qui ne semble pas autant effrayer et tenir en haleine que les deux précédentes. Ryan Murphy et Brad Falchuk se sont proposés comme les « pères castors » de l’histoire d’horreur. La série Creepshow fonctionnait déjà sur ce principe des petites histoires racontées par l’amusant squelette tenant son livre. Les épisodes Creepshow arrivaient à surprendre et n’étaient pas accessibles à un jeune public. AHS peut être perçue soit comme le plat réchauffé des récits connus qui constituent notre culture fantastique ou bien comme un hommage à l’ensemble de ces histoires, mis en scène à l’aide d’un fil rouge qui rassemble à chaque saison le même casting (ou presque) d’acteurs. L’idée d’AHS est très commercial car ils exploitent de grands classiques de la littérature ou du cinéma : Amityville, L’Exorciste, La Dalhia Noir, Poltergeist, Massacre à la tronçonneuse, A la rencontre du troisième type, Les Sorcières de Salem, Le Sixième Sens, Frankenstein et bien d’autres.

Cette série a pour avantage de se renouveler à chaque saison ce qui lui permet autant de durer, que de s’arrêter si elle ne marche plus. Autrement dit, un projet commercial sans trop de risques sur le long terme.

Puisqu’il faut changer d’histoires à chaque saison, il y a un risque que le téléspectateur soit moins sensible aux derniers choix. Murder House et Asylum mettaient en avant des personnages principaux qui sont devenus victimes de leur environnement. La famille qui emménage dans la maison du premier AHS ne s’attendait pas à toutes ces apparitions et les malades de la saison 2 n’imaginaient pas toutes les expériences qui se passaient au sein de l’asile. La saison 3 est vécu du côté des Sorcières, elles sont donc potentiellement les dangers. La surprise est moins grande. Sans la comparer à la série Charmed ou Buffy, les Sorcières de Salem et la magie vaudou sont des choix qui en valent bien d’autres.

N’oublions pas qu’avec Nip/Tuk les créateurs de la série se laissaient aller à une ambiance complètement déjantée entre humour, gore et sexe. Il faut regarder AHS comme quelque chose d’entièrement décalée, cuisinée à cette sauce qui leur plait tant.

Le plus gênant est d’appeler cette série « American » Horror Story, alors qu’ils s’inspirent également de légendes étrangères comme Le Minotaure. On abandonne cette fois la folie au profit de la magie. Les deux premiers univers étaient probablement plus oppressants, mais il y a tant à exploiter des films de Sorcières. Rosemary’s Baby de Roman Polanski ou Suspiria de Dario Argento sont des films efficaces autour de la sorcellerie. Plus récemment sorti en DVD en octobre 2013, pour ceux qui seraient friands des serviteurs de Satan, le dernier film de Rob Zombie The Lords of Salem un film horreur underground qui en vaut le détour.


Film sorti en DVD en octobre 2013 et réalisé par Rob Zombie.


Filmographie : La Maison des 1000 Morts (2003), The Devil’s Rejects (2005), Halloween (2007), Halloween 2 (2009), The Lords of Salem (2013)

Casting : Sheri Moon Zombie

Rob Zombie a formé le groupe de Metal Punk Psychédélique White Zombie dans les années 80, ils se sont séparés en 1996. Le chanteur musicien a continué de travailler pour la télévision et le cinéma. Son univers s’inspire des films d’horreurs, notamment du film White Zombie avec Béla Lugosi et des grands groupes de hard rock, Metal, trash. Le Satanisme est son sujet favori, qu’il pimente avec un genre porno/violent.

Résumé : En 1692, lors de la chasse aux sorcières de Salem, un groupe de femmes au service de Satan sont capturées et brûlées vives par les Seigneurs de la ville. Avant de mourir elles lancent une malédiction qui touchera les descendants des persécuteurs. Heidi, (la) personnage principal des temps modernes, anime la station de radio WIQZ de Salem. Elle reçoit un jour une boîte mystérieuse contenant un vinyle d’un groupe appelé « The Lords ». En l’écoutant et en la diffusant, la musique agit sur les esprits et provoque de terribles évènements.

Rob Zombie marque le film d’horreur d’un style nouveau qui tourne autour du diable, du rock et d’une image Pop Art. Il use de néons, de costumes et maquillages de scènes, de décors factices qui alimentent l’imaginaire. Cette magie créée à partir de rien et du montage filmique nous renvoie à la chambre d’Heidi, décorée de la célèbre lune de George Méliès et de différents meubles lumineux. Il réutilise également de célèbres plans de films d’horreurs qui placent le réalisateur avant tout comme un fan. Un monde dans la consommation des « masses culturelles », comme Quentin Tarantino s’approprie à sa façon un univers rétro, post moderne.





Rameau Antoine